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En voyage comme dans bien d'autres domaines, savoir
s'occuper, organiser son temps ou ses moments et y trouver son plaisir est
à la base une affaire individuelle. Une chose en principe à
la portée de tous tant la diversité et la liberté demeurent
importantes lorsqu'on est loin de chez soi et de ses habitudes. Quoique
finalement peut-être pas tant que cela. Sinon pourquoi le voyage comme
le reste deviendrait-il si encadré, organisé, planifié,
sécurisé ? Et pas uniquement pour ceux qui partent en groupe.
Nos "temps modernes" signifieraient-ils alors la fin de la liberté
? Nos choix privés d'une pensée qui nous est propre au profit
d'un système qui penserait pour le voyageur ? Un système qui
interdirait ce recul individuel pour offrir à la place des désirs
et leurs réponses fabriqués et stéréotypés
suivant les modes et tendances du moment. Dès lors, c'est vrai que
moins le voyageur est actif et maître de ses choix et plus ce qu'on
peut lui proposer en terme de produits devient alors acceptable par tous
; la loi du plus petit commun dénominateur en somme adapté
au monde du tourisme et à son commerce. Pourtant le doute, l'incertitude,
une certaine peur de l'inconnu sont autant de conditions essentielles à
la découverte, aux frissons et aux plaisirs qui en découlent.
Bref, aux fondements mêmes du voyage... Heureusement, il existe encore
au moins une destination qui défie (mais pour combien de temps ?)
ces lois de l'organisation et de la planification : l'Inde. L'Inde grouillante
et fascinante, totalement imprévisible et qui ne laisse personne
indifférent, voire indemne par rapport à ses certitudes. Chacun
ou presque en revient changé, et même ceux que le système
a le plus "saucissonné" n'y échappent pas. Alors
l'Inde, dernière terre de voyage ? À vous de voir, car c'est
précisément de ce côté que nous vous emmenons
dans ce numéro 110 de Globe-trotters. Michel Puysségur |